Réparer les téléphones est une occupation ludique [Libre]

J'avais à peine fait trois pas. Trois pas je vous jure ! Bon peut être quatre à la rigueur mais ce n'est pas le propos. Trois pas donc, hors de cette cellule d'ors et déjà honnis que je me suis fait arrêté par un gardien qui arrivait en sens inverse en prenant tout le passage et en scrutant. J'ai d'abord pensé que c'était une erreur parce que voyez-vous, je n'avais encore rien fait. Pas que je n'y avais pas pensé. Je mentirais en disant le contraire, en vérité j'y avais même beaucoup pensé à tout le désordre que je pourrais mettre dans cette prison. Parce que voyez-vous une prison ce n'est fondamentalement pas très drôle, encore plus quand on y est prisonnier, alors on se raccroche à ce qu'on peut. Et moi ce que j'aime habituellement c'est compliquer la tâche à ces bonshommes en uniforme qui se croit tout permis. Je fais une allergie aux uniformes. Ceux des gardiens, ceux que je suis obligé de porter-même si leur couleur est classe je dois le souligner, ceux des infirmier, des médecins, des prêtres, des membres de l'équipe de rugby, des militaires, des policiers, des écoliers, des grooms... enfin les uniformes quoi. J'en ai trop vus et je ne vois plus que ça, des gens en uniforme, partout. Si seulement je pouvais voir quelqu'un en civil ou encore mieux m'habiller avec quelque chose qui ne ressemblerait ni de près ni de loin à un uniforme ce serait le bonheur. Mais bref revenons à cet homme en uniforme particulier qui me barrait donc le passage. Beurk un uniforme, allergie donc je me détourne et je pars dans l'autre sens. Mais voilà que l'animal appelle mon nom. Habituellement quand un gardien connait votre nom et qu'il vient vous chercher à votre cellule, ça ne sens pas très bon donc je n'ai rien entendu on continue. Je me suis alors sentis partir en arrière. Difficile de faire autrement quand on vous tire aussi violemment par l'épaule en même temps. J'ai pas une carure d'athlète grec en plus. Mais par contre j'ai un bon équilibre donc je retrouve mon équilibre en pivotant pour faire face au gardien à poigne qui n'a pas l'air décidé à cesser de martiriser ma malheureuse épaule.

- Stevensen ! T'entends pas quand on t'appelle ou quoi ?!

En fait j'entends très bien mais plus pour très longtemps si le volume sonore tout à côté de mon épaule ne cesse pas bientôt ou moins ne diminue pas si c'est tout ce qu'on peut espérer. J'aurais fait part de cette remarque pertinente à mon vis-à-vis s'il m'avait laissé en placer une mais visiblement ce cucurbitacé plus ou moins évolué était préssé et n'avait pas de temps à perdre à écouter une réponse. J'eu donc à peine le temps d'entrouvrir les lèvres que...

- La ferme ! T'es chargé de la maintenance et y'a un téléphone qui marche plus donc tu vas le réparer.

Les téléphones ne marchent pas de toute façon, ils fonctionnent et ce grâce à un mécanisme ingénieux donc cette limace décérébrée n'a probablement jamais entendu parlé. Mais ça je ne risque pas de le mentionner car je suis déjà très occupé à esquiver avec adresse mais peu de marge de manoeuvre tous les postillons qui se présentent en fau sérré. Toute bonne limace bave évidemment. Et puis c'est quoi ces histoires de maintenance ? Ils nous emprisonnent et en plus ils nous font bosser ? C'est de l'exploitation ! Et non je ne suis pas de mauvaise foie. De toute façon je n'ai pas la moindre idée d'où peut se situer ce téléphone et avec quoi je vais bien pouvoir le réparer.

Mais ces objections se révellent bien vaines puisque J'ai-autant-cervelle-qu'une-algue-des-marais se sent obligé de me trainer derrière lui et de me broyer l'épaule jusqu'à ce fichu téléphone en panne. En chemin nous croisons un placard fermé à clé dans lequel se trouve une boite à outil dont je me vois chargé et même surchargé vu son poids qui ne gène aucunement face-de-banane-en-string, lequel se sent obligé de marchezr au pas de course.

Et me voici donc, dans une salle pleine de téléphones dont un a eu la malencontreuse idée de tomber en panne et enfin seul. Laché par l'autre sangsue qui est parti en verrouillant la porte après m'avoir désigné l'objet hors d'usage. Je commence par poser cette sal****** de boite et décider de faire un peu de musculation. Puis je m'assoit par terre et décide d'attendre fermement décidé à ne rien faire du tout. Après tout je ne vois pas pourquoi je ferrais quoique ce soit pour aider cette prison à fonctionner.

Je reste donc assis à rêvasser tranquillement pendant une bonne demi heure jusqu'à ce que trois points essensiels viennent à se faire éminement pressants. D'abord j'ai froid. Il faut dire que le pierre c'est pas connue pour être particulièrement chauffand et que l'uniforme des prisonniers n'est pas particulièrement isolant. Donc je suis assis sur de la pierre froide et j'ai froid. Ensuite j'ai faim. Hors pour sortir d'ici et trouver à manger, il faut soit que je fasse mon travail je suppose, soit que je force la serrure. Ce que je pourrais réussir sans problèmes vu les outils que j'ai sous la main. Quelque chose me dit que les problèmes viendront après mais il sera alors bien temps d'y songer. Et enfin, enfin et surtout, ce fichue téléphone m'attire comme un aimant. Parce que voyez-vous, le bricolage j'aime ça. J'ai toujours aimé ça et la dernière fois que j'en ai fait ça remonte à loin quand même. A ma dernière évasion pour être précis, enfin ma dernière tentative qui ne s'était pas très bien terminée d'ailleurs. Je réprime un frisson qui ne doit rien au froid et décide de céder à la tentation. Ce qui est la manière la plus efficace de la faire disparaitre tout le monde le sait.

Je ramasse donc la boite, toujours aussi lourde, et m'approche du téléphone actuellement objet de ma convoitise. Je ne met malheureusement pas longtemps à trouver l'origine du problème et à le réparer c'est trop simple c'est même pas drôle. Et là juré ma main bouge toute seule. A mon avis ce problème là va être beaucoup plus difficile à identifier et plus encore à réparer. Mais c'est sans importance de toute façon je ne compte pas du tout le réparer. D'ailleurs je décide que c'est un problème contagieux et m'approche du téléphone suivant après avoir soigneusement refermer l'accès aux entrailles de l'autre. En l'apparence ma victime est niquel. En apparence seulement. Tout comme la longue série de téléphones qui suivent. Au grès de ma fantaisie je décide de varier un peu après tout ce serait pas drôle si c'était trop simple à réparer. Et ce serait trop simple à réparer à mon goût si après avoir identifier un premier problème ce soit le même partout. Je me demande à quel point ça va faire c**** l'administration. A quel point cela va l'ennuier lui.

Arrivé devant le dernier téléphone quelque chose m'arrête. Certainement pas les remords, aucun risque. Mais c'est que... on peut faire tellement de chose avec un téléphone. C'est quoi le numéro des pompiers ici déjà ? Je signale donc trois faux incendies avec des voix radicalement différentes. Je fais très bien les accents, je suis très fier de moi. Puis je change de cible et signale un braquage de banque, une prise d'otage et deux vols à main armée. Je tape des numéros au hasard et annoce à une dizaine de personne la mort de leur grand mère, dont une vieille femme qui me signale que c'est vrai depuis plus de cinquante ans, mais je lui réplique qu'il est toujours bon de se raffraichir la mémoir ce à quoi elle acuiesse gravement et je lui raccroche aunez cinq minutes plus tard en plein monologue de radotage. J'annonce divers décès, des cambriolages, des bléssés grave. J'indique à un homme à la voix grave qu'il a gagné un grand concours et le numéro qu'il doit appeler pour en savoir plus. Je suis sûr que la grand mère sera ravie de refaire la causette. Je me demande combien de temps l'homme va refaire le numéro avant de se rendre compte qu'il ne s'est pas trompé et que c'est bien le bon. Puis je décide que tant qu'à faire une bonne action autant la faire jusqu'au bout. Mémé va avoir pleins de gens à qui raconter les souvenirs de son Wilfrid. Et les grand gagnants du fameux concours se multiplient. Bref je m'amuse bien.

Qui aurait cru que réparer un téléphone puisse être si ludique ?

[bon, en fait, ça fait des jours que je veux te répondre mais comme mon autre sujet n'avance pas... On va supposer qu'on est quelques temps après l'évasion. ^^' A toi de voir si t'as entendu parler de la rumeur, si t'y a participé ou quoi que ce soit d'autre. ^^]



Je marche dans ces satanés couloirs. Ils me semblent plus sinistre et ressemblant les uns que les autres. Conclusion ? Conclusion, je suis Lord et pas pigeon voyageur. Je me suis perdu dans ces couloirs. D'autant plus perdu que j'ai souvent changé de couloir pour éviter un garde. Ou des prisonniers. Je n'ai pas vraiment envie de voir une présence humaine potentiellement hostile. Je marche, mes doigts parfois s'amusent à effleurer ces pierres grises et froides. Cela fait quelques minutes que je n'ai rien vu d'autre que des marches, des meurtrières et un rat mort.

Là, je vois une porte. Le paysage change et mérite donc qu'on s'y attarde. Et puis perdu pour perdu, autant risquer de découvrir quelque chose d'intéressant. Je m'approche et tourne la poignée. Le métal grinçait un peu, rompant le silence morbide qui régnait en ces lieux désertiques. Je poussais la porte. Rien. dans l'autre sens ? Rien non plus. Vu le bruit de métal rouillé, ça devait peut-être bloquer un peu. Je n'y croyais guère. Dans une prison, les portes fermées sont aussi courantes que les gâteaux dans une pâtisserie. OU que les tombes dans un cimetière pour rester davantage dans l'ambiance.

Je reculais d'un pas et contemplai cette porte qui me narguait. Une porte fermée dans un coin aussi reculé de la prison, cela peut être un accès à quelque chose d'intéressant. Quoi ? Je n'en avais aucune idée. Un peu d'imprévu pimente la vie, n'est-ce-pas ? Bon comment l'ouvrir ?

"Shazam !"

Essayons les formules magiques. Ca ne marchera pas mais ça détendra.

"Hocus pocus ! You still don't move ? You little impudent door ! How dare you ? Well, you don't last for long. I shall win ! Just let me think for a sec' ! "


Je donnais un coup de pied dedans. Pas vraiment fort, juste bien pour faire comprendre à cette porte qu'elle ne gagnerait pas. Puis je me mis dos à elle (pourtant, j'en avais déjà plein le dos) puis me laissait glisser contre ce morceau de bois assemblé. Comment faire pour l'ouvrir ? Hey ! Je n'étais pas homme de bricolage, moi !

Je devenais très rodé dans mon discourset plus personne ne pouvait me prendre de cours avec des questions incongrues du genre "mais qui vous sponsorise ?" Je t'en pose des questions moi ? J'avais maintenant en magasin trois concours comportant respectivement 23,49 et 98 grands gagnants, ainsi qu'un quatrième en cours de formation. Quand je me retrouvais finalement à cours de mots alors que j'annonaçis à une vieille dame qu'elle avait gagné un séjour aux bahamas dans le grand concours de son supermarché. Non mais c'est vrai aussi n'a-t-on pas idée de ne pas faire ses courses au supermarché de nos jours. Je me rattrapai en inventant un supermarché canin qui disposait de petites boutiques éparpillées partout en Europe. Sauf que madame n'a jamais eu de chien, d'ailleurs elle deteste les chiens, oui les chats aussi et elle n'avait pas non plus envie de péruches ni de cochons d'inde. Je n'ai pas pu pousser mon investigation de son dégout des animaux plus loin car seule une sonnerie répétitive répondit à mes interrogations. Décidemment les petites mamies ne sont plus ce qu'elles étaient ! Non seulement elles n'ont plus leurs youkis attitrés spéciliser dans la critique culinaire des mollets des passants mais en plus elles vous raccrochent au nez. Non mais bientôt elles vont faire de la moto accrobatique et braquer des banques au gros callibre, sûr. Y'a plus de vieillesse.

Bon il est temps de lancer un recensement national des animaux domestiques dans un ou deux pays. Sait-on jamais, ça peut toujours être utile. Mais avant de comencer ce vaste projet, une petite pause sera la bienvenue. Je suis en train d'étrirer agréablement mon dos bras tendus au dessus de la tête quand j'essaye de me remémorer si un psychiatre m'a déjà parlé d'hallucinations auditives dans mon cas. C'est que je suis presque sûr d'avoir entendu "Shazam". Je n'ai jamais eu de problèmes d'audition et je suis un tentinnettrop jeune pour que l'âge y soit pour quelque chose... Et puis franchement Shazam comme hallucination auditive ça manque de classe, je suis sûr que mon cerveau aurait trouvé mieux que ça.

Alors là sûr et certain, j'ai beau être tordu cette litanie ne peut tout bonnement pas être sortie de mon subconscient. Mon cerveau aussi sournois soit-il ne m'aurait pas fait un tel affront. N'est ce pas ? La pointe d'agoisse qui m'assaille quant-a l'état de ma substance grise se dissipe aussitôt que la porte vibre. Bon pas de doute c'est quelqu'un d'autre qui est responsable de l'existence de cette tirade. Rassurant. Je m'approche de la porte sur la pointe des pieds. Ou pas. Je m'arrête et penche légèrement la tête sur le côté, perplexe. Qui est derrière cette porte ? J'ai beau plisser les yeux comme si je pouvais voir à travers, l'étanchéité de la porte garde le secret de l'identité de cette mystérieuse personne.

Ne me connaissant pas de pouvoir paranormal j'ai la vague intuition que mes yeux resteront inutiles, je vais plutôt essayer de compter sur mes oreilles et un certain organe situé également dans la boite cranienne et trop peu souvent utilisé parle commun des mortels. Vu le timbre j'opterai pour un homme, ou une femme à la voix grave... Du son de la voix je peux surtout déduire que je ne la connait pas, ce qui ne m'aide pas des masses mais élimine quelques indésirables très dangereux. Le problème étant qu'il y en a tellement d'autres que je ne connais pas... Le sens me soufle que ce n'est pas un gardien. Ou alors un gardien dérangé. Remarque c'est une redondance inutile ici... Mais un gardien aurait la clé et l'individu situé derrière cette porte n'en a visiblement pas puisqu'il en est réduit à taper dessus. Un prisonnier, donc. Bien. On peut tomber sur tout et n'importe quoi dans une prison comme celle là, c'est pas tellement tranquillisant.

Bon trop réfléchir tue les neurones et puis c'est vachement moins drôle. Ce pauvre homme veut ouvrir cette porte pour entrer et moi je ne serait pas contre sortir en fait. Le recensementdes animaux domestiques atendra, je ferais mieux de prendre les voiles avant que ce soit un gardien qui vienne frapper à cette porte. Comme ça avecun peu de chance ils ne sauront pas qui a rendu cette salle hors d'usage. C'est ça et les petits hommes vertsvont arriver pour apporter la paix/l'esclavage/la sauvegarde des pingouins/la destruction -rayez la mention inutile- à l'humanité et aux caniches. Enfin on peut toujours essayer.

Je me rends donc à l'autre bout de la pièce ou je me charge d'un poids qui n'a nullementdiminué depuis la dernière fois -en même temps le fitness a peu d'effet sur les boites à outils. Et revient vers la porte où je me retiens de laisser le tout s'ecraser dans un bruit de feraille et dépose délicatement le tout sur le sol. Un regard à la serrure m'indique que je n'en aurais vraiment pas pour longtemps, mais avant ça... Un petit coup de ciseaux d'une précision digne d'un neurochirurgien élimine définitevementtoute vélléité de fonctionner chez le dernier survivantd'une longue lignée de téléphones fixes. Amen. Retour vers la serrure qui cède presque sans un bruit. Puis je ramasse une grosse clé à molette -mes intentions sont toujours passifiques voyons, mais celles des autres rarement-, vérifie que la boite à outils est soigneusement dissimulée dans un coin qui sera caché par la porte ouverte, me place de l'autre côté de la porte et me décide pour une ouverture brusque et rapide de la dite porte.

Un bruit !

Je me redressai soudain. Je n'ouïs que le silence. Pourtant, j'étais certain de ne pas avoir rêvé. J'avais bien entendu un bruit. Qui avait-il derrière cette porte qui faisait ce bruit. J'attendis un peu. Rien à nouveau. Pourtant, j'avais entendu quelque chose. Je décidai de me lever. Mieux valait être debout, prêt à toute éventualité. Je repliai mes jambes sous moi et m'appuyai sur la porte. Et ce qui devait arriver arriva.

Nous interrompons ce programme pour un flash de dernière minute. Edward Aloysius Murphy Jr. né le 11 janvier 1918, mort le 17 juillet 1990, était un ingénieur en aérospatiale américain qui travailla sur la sûreté de fonctionnement de systèmes critiques et qui est principalement connu pour son principe éponyme, la Loi de Murphy : "Si quelque chose de mal peut se produire, cela arrivera." On en a déduit la célèbre loi de la tartine beurrée et un de ses dérivée : "toute tartine qui ne tombera pas du côté du beurre restera collée au plafond". Merci de votre attention, bonne fin de programme.

Je me retrouvai donc étalé de tout mon long sur le flanc. Qui n'était pas à la confiture mais bel et bien de chair et de sang qui se glaçait à toute allure vu la fraicheur de la pièce. Mais, il y avait une chose que je détestais, c'était perdre la face. Ou plutôt l'honneur. Mais l'honneur n'allait pas de pair avec le ridicule. Une de mes grandes devises était "la mort fors l'honneur." Ca résumait bien la chose. Du coup, mon plan était simple : plutôt me faire croire fou que de passer pour ridicule.

"MMMh ! That's a really nice floor ! Have you tried it ?"

J'avais vu des peids, j'avais déduis qu'ils appartenait à une paire d'yeux et j'avais appliqué ma tactique de diversion numéro 48. Je m'étais donc confortablement installé (ou du moins le plus possible) sur la pierre qui dallait le sol. Puis je me souvins que je n'étais plus sur les terres de ma mère Patrie.

"Excuse-me ! Euh. PArdonnez-moi. Je disais que ce sol était confortable. Avez-vous essayé ? Non ? Vous manquez quelque chose..."

JE sentais qu'une de mes nouvelles devises allait être "La folie plutôt que le ridicule."

Pa-arfait la porte s'est ouverte comme prévue et dissimule entièrement la boite à outils, seul objet qui pourrait être potentiellement dangereux pour moi. Un coup d'oeil circulaire que les téléphones qui ornent les murs y sont solidement fixés, bien qu'ils ne soient plus qu'ornemantaux et nullement fonctionnels. Autre information satisfaisante, cet état de fait n'est aucunement visible. Toute personne entrant dans cette salle ne verrait absolument rien d'anormal. Enfin mis à part la boite à outils qu'on finirait fatalement par découvrir et un type qui prend ses aises sur le sol. D'ailleurs il est temps que je reporte mon attention sur lui.

Au premier coup d'oeil j'ai éliminé toute menace immédiate. C'est à dire que ce n'est effectivement pas un gardien, que ce n'est pas une armoir à glace, qu'il est à terre et qu'il n'a pas l'air fou furieux de s'être étalé de tout son long sur le sol et surtout il n'a esquissé aucun mouvement, aggressif ou non, dans ma direction. Le problème c'est qu'il est tout de même plus grand que moi, pour ne pas l'être il faut le faire exprès, et plus corpulent aussi sans doute, donc je préférerais qu'il ne se relève pas. Et d'expérience je sais que "l'air" qu'a une personne ne veut strictement rien dire, habituellement ce sont ceux qui ont une gueule d'ange qui sont les pires. Des yeux bien bleus et de longs cheveux blonds ça fait pas mal ange. Ma main se crispe un peu sur la clée à molette soigneusement dissimulée dans mon dos, tout en gardant mes bras dans une position naturelle pour ne pas attirer les soupsons.

"MMMh ! That's a really nice floor ! Have you tried it ?"

Hum oui on peut rajouter à la description qu'il lui manque une case mais comme c'est le cas de la quasi totalité des résidents de cette prison c'est pas un critère très discriminant. Et puis ce n'est pas parce qu'il trouve ce sol dur et gelé confortable qu'il est fou, c'est une question de goût, y'a bien des gens qui dorment sur des aiguilles... Néanmoins il a un je ne sais quoi d'aristocratique qui laisse à penser que ce sol ne devrait pas tant lui plaire. Mais on s'en fiche, le problème de ce type, son grand unique et majeur problème en l'occurence c'est sa longueur. Etalé de tout son long comme il est ses jambes se situe dans l'embrasure de la porte et ses pieds je vous en parle même pas. Comment voulez vous que je l'enferme à l'interieur si il y a un bout qui dépasse ? Ou même simplement que je file dans le couloir ? Ce serait mieux de l'enfermer dedans d'bord pour qu'il ne puisse pas me poursuivre et ensuite pour le faire accuser mais je me satisferais très bien de filer simplement dans le couloir loin de cette salle. Seulement je ne tiens pas à m'aprocher autant, au corps à corps mon gabarit de crevette ne m'est pas d'une grande utilité sans une bonne lame. A pars lui arracher les yeux, je peux pas faire grand chose de vraiment efficace... Non seulement c'est dégeulasse de mordre dans les gens, mais en plus ça les enerve plus que ça ne vous en débarrasse, curieux non ? Bref par contre je cours vite et même si je ne connais pas encore bien la prison c'est un tel labyrinthe que je devrais le semmer. Donc s'il pouvais se pousser de l'unique sortie ça arangerait bien mes affaires.

Je me demande un instant pourquoi il se répéte avant de me souvenir que la plupard des gens ne parlent pas plusieurs langues. Moi si, mais c'est plus avantageux dans presque tous les cas que les gens croient le contraire donc s'il pense que je ne comprends pas l'anglais c'est tant mieux et que ça reste comme ça. Bon le faire dégager de cette embrasue. J'affiche mon air le plus angelique et demande d'un ton plein de solicitude.

"Mais, ce n'est pas un peu froid ? Vous devriez vous relever, vous allez attraper froid."

Allez va-t-en et surtout n'espère pas que je te tende une main secourable parce que je ne vois pas comment je ferais pour tenir cette fichue clée en même temps. Et surtout je n'ai pas la moindre intension de te laisser m'attraper. J'ai beau être totalement détendu et compatissant extérieurement, intérieurement je commence à avoir des fourmis dans les jambes. Les rencontres en prison sont rarement bonne et à éviter autant que possible.

J'hausse un sourcil surpris. Entendrais-je une phrase de compassion ? Voilà qui est fort surprenant. Ma foi, on dirait qu'on peut trouver de tout en prison. Mais bon, son ton n'était pas vraiment moqueur donc l'honneur est sauf. Alléluia mes frères. Joie ! J'ai passé pour un fou mais pas pour un gueux.

"Et bien soit ! Je me relève !"

Plus vite dite que fait mais après l'activation de quelques muscles, il n'y eut aucun problème. Je fus vite debout devant... et bien devant... Je baissais les yeux.

*Yipeeee !*

Gloria mes frères. Joie ! J'ai à nouveau trouvé quelqu'un de plus petit que moi. Ce n'était pas courant et deux fois en si peu de temps dans le même château me faisait un plaisir fou qui devait malgré tout transpirer par un léger frémissement de zygomatiques. Enfin, à deuxième vue ma joie se calma un peu. Le pensionnaire de l'état qui se trouvait devant moi ne semblait pas avoir terminé sa croissance. Il me semblait bien jeune. Ma joie se tempéra aussi vite qu'elle était venue. Cela pouvait d'ailleurs également être dû à mon troisième coup d'œil. Je pointais un index interrogateur vers l'objet de ma surprise :

"Monsieur, seriez-vous un nostalgique de mon cher et vénéré Royaume pour en brandir l'un de ses clés ?"

En effet, au bout de son bras fluet pendait malheureusement une clé anglaise. En fait, ma question n'était qu'une entrée en matière utile. Je pouvais certes connaître son amitié envers la Couronne mais surtout, cela me permettrait de savoir à terme ce que faisait un garçon manifestement prisonnier comme tout un chacun munis d'un instrument contondant dans une pièce aussi reculée du château.



[Ed' si tu veux, n'hésite pas à faire moins long mais écrire plus. ^^ Je ne t'en voudrais pas et je trouve que c'est plus dynamique.]

[Moi aussi je trouve ^^ mais on dirait que je suis incapable de faire court --']

Allez, allez lève-toi ! Et surtout dégage de l'ouverture de cette porte. Je ne sais pas trop pourquoi ce sentiment d'urgence devient insistant mais s'il pouvait éviter de se relever avec la lenteur d'un grand père arthrosique... Réparer un téléphone n'est pas si long que ça, l'autre abruti ou un de ses semblables ne va sans doute pas tarder si je peux avoir disparut d'ici là ce serait vraiment une bénédiction. Je ne doute pas qu'ils se souviennent de qui était sensé réparer le téléphone mais si je ne suis plus là quand ils reviennent je pourrais toujours arger que c'est ce que j'ai fait puis que j'ai rangé la boite à outil dans le coin et que, la porte étant ouverte je suis parti parce que j'avais faim. D'aileurs j'ai faim. C'est bien la seule chose de véridique que je compte leur dire, avec le fait que j'ai rangé la boite à outils aussi, mais c'est tout à fait cohérent. Ils ne pourront pas être sûrs de ma culpabilité. Bon la plupard se ficheront complétement de ma culpabilité ou de mon innocence... Ca vaut quand même le coup d'essayer.

Donc je me prépare à déguerpir dès que l'autre aura terminé de se relever. Lui je ne sais pas trop quoi en faire dans mon plan. Ben le mieux ce serait qu'ils ne le trouvent pas en fait. Parce que sinon il risque de pouvoir leur dire que j'étais encore ici bien tard... Donc qu'il se casse aussi ce serait pas mal, après il se la fermera de peur d'être soupsonné s'il mentionne sa présence ici je suppose. D'ailleurs qu'est ce qu'il vient faire ici.

Enfin relevé. Et bien évidemment je ne peux que l'observer avec curiosité au lieu de partir en courant. Enfin je sais depuis longtemps que ma curiosité me perdra c'est pas une grande nouveauté. Comme estimé, il est plus grand que moi... Qui ne l'est pas ici ! Ou ailleurs... mais un de ces jours je finirai bien par tous les dépasser avec une belle poussée de croissance. Y'a que des grands dans ma famille ce serait tout à fait injuste que je reste petit. Remarque y'a aussi que des morts dans ma famille et étant donné que c'est de mon fait c'est peut être leur malédiction post mortem... Un mince sourir plein d'ironie se dessine sur mon visage. C'est bien tout ce qu'il peuvent tenter encore... Et lui il leurs ressemble. Non il n'est pas mort et il n'est pas en train de réciter une incantation visant à me maudir. Mais debout son port aristocratique ressort plus qu'étalé sur le sol. Je me demande bien ce qu'il fait ici...

"Monsieur, seriez-vous un nostalgique de mon cher et vénéré Royaume pour en brandir l'une de ses clés ?"

Me*** ! Plongé dans ma contemplation je n'ai même pas remarqué qu'il me rendait la pareille, et mon bras est tranquillement revenu à sa position initiale. Et cette saleté de clée que j'avais completement oubliée et qui aurait vraiment due rester dans sa boite à outils est parfaitement visible. Et comme un malheur n'arrive jamais, j'entends l'echo d'un bruit de pas dans le couloir. Et m**** ! Calme ce n'est peut être rien du tout. Ces couloirs sont labyrinthiques il peut s'agir d'un prisonnier qui se ballade, d'un gardien qui fait une ronde pas loin... ou d'un gardien qui vient me chercher. Je veux partir maintenant et il vaut mieux que le gus en face soit loin aussi. Réflechir, vite !

"Si c'est votre clée il vaut mieux que je vous la rende..."

De ma voix la plus suave, il ne manque plus que des battements de cils pour l'accompagner... Puis je balance au jugé la clée devant moi vers une région qui doit être son ventre. Pas assez fort pour lui faire vraiment mal. Assez pour qu'il me cours après. Et je m'élance en vitesse vers la porte, direction : le plus loin possible et en vitesse.

[D'après la fin de ton post, je suppute que tu veux bien continuer à jouer avec moi. Permet-moi d'improviser et permet-toi de me mp si cette dernière ne te convient pas. ^^]

Ma clé ? Ma clé ? Je ne puis évidemment m'empêcher de hausser un sourcil. depuis quand ais-je clamé que cette clé était mienne ? Cet avorton m'a t-il bien contemplé de son regard angélique et meurtrier ? Ais-je l'air d'un homme à user de la clé anglaise et à répandre un infect cambouis sur ses blanches mains de signataire de contrat et d'homme d'affaire ?

Je n'ai pas de miroir correct sous la main et d'ailleurs, je n'en ai pas besoin, il suffit juste de tendre un peu le pavillon auriculaire pour ouïr que j'ai l'air hautain, fier et noble. Or, je n'ai jamais entendu parler d'un garagiste adoubé dans les sphères de la noblesse.

Mon intelligence sans limite me permet donc une conclusion infaillible : ce gamin ne m'a pas regardé. Pour un peu, j'aurais supposé que c'était à cause d'une trop grande humilité. Las ! Je ne connais point ce gamin et ne me risque donc pas à une telle idée. D'ailleurs, le voilà qui m'envoie cette clé dans le ventre sans prévenir.

Je le reçoit en plein dans l'estomac et la sensation est pour le moins désagréable. A vrai dire même, je n'aime pas du tout. Cependant, je vois le gamin cavaler à l'autre bout de la coursive et je n'ai nulle envie de courir après ce gueux sans manière. Il est loin et j'ai encore mal un peu partout suite aux conséquence de ma tentative d'évasion ratée de l'autre jour. Peut être que justement ce gamin a entendu parler de ça et a voulu fuir.

Je hausse les épaules et lâche la clé à terre où elle résonne dans un bruit à faire sursauter un mort. J'en profite pour voir ce qui se cachait derrière cette porte. Un grand sourire vint orner mes lèvres magnifiques -quoiqu'un tantinet trop carmin à mon goût. Des téléphones ! Je me dirige d'un pas vif vers eux et décroche un combiné.

L'occasion inespérée ! Ma gorge se serre. Vais-je tomber sur le central ? Une tonalité désespérante me trille à l'oreille. Je raccroche et j'essaie un autre téléphone. Mais derrière moi, une voix m'interrompt. Un garde ! Je ne l'avais pas entendu arriver et il brandit vers moi son arme de service. Mon visage s'assombrit à écouter ses paroles. Ma réputation est déjà faite, semble-t-il. Je lève les bras tranquillement et le précède en marchant dans la direction qu'il veut bien m'indiquer. Au moins retrouverai-je mon chemin que j'avais égaré...




>>>La suite, tout de suite