Ange (Connor et Siam)

En face de moi, des flics, des médecins, des psychiatres me regardent. Certains avec un air vil, d’autres compatissants. Mais ils ont l’air tellement blasé. Le procès a été un enfer, j’ai dû prendre la conscience à tout instant. Connor était bien trop atterré pour supporter les flashs, les interviews et le long monologue des juges. Quant à Siam, elle se montre bien trop distraite pour que je m’efface. Heureusement que je suis là pour maîtriser la situation. Si j’avais perdu le temps, qui sait dans quel pétrin ils nous auraient mis. En tout cas, les jeux sont faits. Mon avocat, bien que sûr de lui, n’a pas pu m’éviter la peine maximale. Pourtant, il avait discuté avec Connor du fait que ce que j’avais commis était à prendre avec des pincettes étant donné que j’avais de troubles mentaux. En gros, c’est pas tellement ma faute. Personnellement, je n’ai rien fait du tout à part orchestrer la prise de conscience. Moi, Ange, je suis innocent. Ce sont les autres qui ont commis des crimes, sans même que j’en sois informé des fois. Parfois, il y a des moments d’embrouille où je ne contrôle plus rien et où je ne sais même pas qui de Connor ou de Siam prend la conscience et c’est flippant. Mais j’ai réussi à les caser au fond de la pièce, ensemble, tout le long du procès. Ils n’ont vraiment pas la force mentale pour affronter ça, tout du moins pas encore. C’est à moi que revient cette tâche.

DOSSIER MÉDICAL

Nom & Prénom – Ange.

Sexe – Masculin.

Âge – 23 ans.

Traits physiques – Je pense être un mec bien foutu. C’est pas pour me vanter ni rien mais quand on me regarde, on a un minimum de réaction. Selon moi, c’est dû à mon attitude désinvolte, mon allure débraillée et mon regard. Ouais, surtout mon regard. Bleu, bleu électrique. Je kiffe cette couleur, au moins ça capte l’attention. Pour ce qui est de ma silhouette, j’suis pas immense et assez mince. Mais je ne suis pas pour autant une loque, les muscles dessinent mon torse et mes bras. J’ai fait du sport régulièrement, soulever de la fonte, faire du footing, pour me maintenir en forme et parer à toute éventualité. Des cheveux noirs me retombent sur le visage, presque jamais coiffés. Ca ne me dérange pas outre mesure et puis, il se plaisent bien sur mon visage où une barbe naissante encadre mon menton et mes lèvres fines légèrement rouges. Enfin, quand je dis ‘je’, je décris le corps dans lequel je suis, c’est-à-dire celui de Connor. Moi, je suis blond, j’ai les yeux verts, je suis grand. Je dirais dans les un mètre quatre-vingt cinq et je suis très mince. Je suis de deux ans l’aîné de Connor. Le teint légèrement halé, je m’imagine bien surfeur sur les plages de Hawaï. Je ne suis pas très musclé mais je me fiche pas mal de l’haltérophilie. Je préfère de loin cultiver mon esprit plutôt que mon corps. Pour ce qui est de Siam, elle n’a que dix-sept ans. Dans la fleur de l’âge, ses cheveux fins reposent dans son dos telle une cascade brune. Les yeux bleus, elle a de ces visages que l’on n’oublie pas. Un nez aquilin surplombe ses lèvres finement ciselées tandis qu’elle jouit d’une silhouette avantageuse. Mais je ne me plains pas, Connor a tout pour plaire.

Taille – 1, 78 m.

Poids – 69 kg.

Maladie ou handicap physique – Que dalle, j’suis en bonne santé et j’espère le rester. Parce que j’parie que vous servez pas de la nourriture cinq étoiles par ici. Mais vous inquiétez pas, je mangerais régulièrement, histoire de vous pourrir la vie encore quelques temps.

Autres – Connor s’est pris un coup de couteau une fois dans la cuisse, du coup j’ai une cicatrice à la cuisse droite mais rien de bien grave. J’me rappelle que ça s’était infecté et que Siam avait dû supporter la douleur pendant que le médecin lui faisait des points de suture. C’est toujours Siam qui s’occupe de la douleur.

DOSSIER PSYCHOLOGIQUE

Qualités – Connor est doué en électronique, informatique et mécanique. Toutes ces qualités nous ont beaucoup aidé à amener de l’eau au moulin, si j’peux dire ça comme ça. Au départ, il dépannait les gens contre un peu de fric et au final, il s’est fait embaucher dans une boîte d’électronique qui nous a permis d’avoir un appart’ confortable et de quoi vivre décemment. Siam a pu prouver ses talents de cuisinière et de ménagère, ce qui était très utile. De plus, elle sait y faire en relations humaines puisqu’elle est douce, ouverte et à l’écoute. Du coup, il y avait toujours quelqu’un pour nous dépanner en cas de souci. Elle se montre amicale avec n’importe qui et semble vouloir faire régner la justice autour d’elle. C’est d’ailleurs à cause d’elle que Connor avait fini au commissariat, complètement affolé, et que j’avais dû prendre la situation en main, tout ça parce qu’elle avait voulu jouer les Robins des Bois. Finalement, de mon côté, je me décrirais comme assez intelligent. Disons que je représente le chef de notre petite famille. Je dois gérer la conscience, même si parfois il y a des périodes d’embrouille ce qui me complique la tâche. J’ai l’habitude de savoir ce que je veux et de l’obtenir, être déterminé c’est une qualité comme une autre, et persévérant aussi.

Défauts – Connor est faible, c’est d’ailleurs pour ça que j’ai dû m’imposer pour prendre la conscience. Il a tendance à se morfondre sur lui-même en ingérant toute sorte de drogues et autres substances illicites. Ses tendances suicidaires m’ont donné du fil à retordre, je vous assure. On a discuté plusieurs fois et je crois qu’il a enfin compris qu’il nous mettait tous les trois en danger. Je garantis pas qu’il recommence mais je l’ai à l’œil. Hélas, cette soumission dont il fait preuve s’est accentuée après les drames. Ca m’a mené la vie dure et il a souvent fait pleurer Siam. Siam est trop sensible à mon goût. Mais de toute façon, d’une façon générale, les filles sont trop dans la sensiblerie et l’exagération. Bien que douce, elle n’en est que plus naïve ce qui représente une menace, surtout dans l’univers carcéral. Quant à moi, certains verront en moi de la malveillance et des fois de la pure méchanceté. Il est vrai qu’il m’arrive d’être colérique ou simplement de très mauvaise humeur et généralement, il est proscrit de m’approcher ou de me parler. Mais après tout, vous faites comme vous voulez.

Aime – Connor aime tout ce qui touche à son domaine de prédilection, c’est-à-dire les objets électriques, informatiques ou mécaniques. Il a jamais peur de s’électrocuter, ce qui m’a toujours épaté. Un jour, il a réussi à confectionner une petite bombe avec quelques bouts de métal et des fils électriques récupérés par-ci par-là. Pour Siam, cette passion la laisse indifférente. En effet, elle adule la peinture et la poésie. Elle écrit elle-même des poèmes et se consacre à peindre des portraits ou des paysages. Mais elle a tout de même une préférence pour les portraits. On lui a plusieurs fois affirmé qu’elle était douée. De plus, elle aime cuisiner et faire le ménage, ce qui représente un avantage non négligeable. De mon côté, j’aime lire. J’ai dévoré la bibliothèque municipale en m’intéressant à l’hématologie, la psychologie, les sciences en général et bien d’autres choses encore. J’ai parcouru des classiques, lu des recueils et me suis passionné pour le théâtre.

N'aime pas – Connor ne supporte pas la vue du sang, il a horreur de tout ce qui gore et sanglant. C’est une chochotte ni plus ni moins. Siam déteste l’injustice tandis que moi je déteste être dérangé lorsque je fais quelque chose pour laquelle je me concentre. Aussi, je suis assez susceptible et déteste me faire marcher sur les pieds. Il y a encore tellement de choses que je n'aime pas mais je vous laisse la peine de le découvrir. Il faut bien que je m'amuse moi aussi.

Comportement avec les gens – Grâce à Siam, Connor est sociable, attentionné et même affectueux quelques fois. Néanmoins, lorsqu’il prend la conscience, il peut être véritablement insupportable et asocial. Il agit comme un traqué et ne se soucie guère de ce qui l’entoure. Les gens sont pour lui une plaie et lorsqu’il s’agit de parler avec, il se renfrogne et divague. C’est pour ça que je laisse la conscience à Siam lorsque l’on est en société et qu’il faut engager une conversation. Je sais aussi le faire mais mes sautes d’humeur sont un handicap. En fait, je suis assez lunatique. Je peux me montrer très agréable lorsque j’en profite. Par contre, quand la situation tourne à mon désavantage, je peux devenir odieux et vulgaire.

Maladie ou handicap mental - Dédoublement de la personnalité d’après les psychiatres. Mais je vous assure que Connor, Siam et moi sommes trois personnes bien distinctes.

Tics – Ce n’est pas un tic pour moi mais ça l’est pour les autres. J’ai le regard qui se voile et les lèvres qui se mettent à bouger toutes seules lorsque je m’efface et laisse place à Connor ou à Siam. Parfois, je parle à voix haute, c’est plus pratique pour communiquer avec eux. Néanmoins, il faut pour cela que je sois seul, ce qui réduit considérablement cette option. Du coup, je parle intérieurement.

Passé – Connor est né un certain treize décembre alors que les premières neiges couvraient de leur manteau blanc la nature figée. Son cri transperça les parois de la maternité avec une conviction peu commune. Tracy, sa mère, voulait un enfant depuis longtemps. Elle avait attendu ce jour avec une peur non dissimulée et une seule question lui brûlait les lèvres, serais-je une bonne mère ? Stanley n’en doutait pas une seconde et espérait en secret que ce fut un garçon. Son vœu fut exaucé et déjà, il se montait des tas de films dans la tête. Mais Connor n’étais pas assez costaud, assez grand à son goût. Il n’avait pas les mêmes centres d’intérêt que lui. Les voitures ne l’intéressaient pas, encore moins le sport. De plus, il n’avait pas d’excellentes notes à l’école et séchait régulièrement quand l’envie n’y était pas. Au contraire, il le retrouvait souvent plongé dans des bouquins ou à traîner dehors avec quelques amis. Plusieurs fois, sa mère l’avait vu assis sur une chaise, le regard perdu dans le vide. Au fur et à mesure qu’il grandissait, Connor changeait d’attitude et se montrait désagréable. Il ressentait comme un vide qui montait en lui. De jour en jour. De minute en minute. Un vide qui le remplissait au point d'éclater. Une froideur qui lui faisait mal chaque soir, quand il fermait les yeux. Qui lui faisait mal chaque matin quand il les rouvrait.

Puis il apprit que sa mère était enceinte d’une fille. Il était heureux d’avoir une sœur, il avait toujours voulu avoir quelqu’un avec qui jouer et parler. Et puis, c’était une fille alors elle allait être douce et gentille avec lui. Il avait sept ans quand elle est née. Ses parents la prénommèrent Lisa. Un jour qu’il était seul chez lui, il se rendit dans la chambre de sa petite sœur pour y trouver un peu de compagnie. Celle-ci gazouillait dans son berceau avec joie. Elle tendit ses petites mains vers lui dès qu’elle le vit et attendrit par cette tendresse, il la prit maladroitement dans ses bras. Mais sa mère arriva dans la chambre et ce fut la dernière fois qu’il la prit dans ses bras. Elle le sermonna si durement qu’il s’enferma dans sa chambre pendant plusieurs jours sans manger ni boire. Pendant cette grève de la faim, alors qu’il était assis par terre, il vit une jeune fille le regarder. Elle était magnifique, là, adossée contre sa fenêtre. C’est à partir de cet instant que Siam entra en scène. Sa douceur et sa gentillesse parvinrent à toucher la mère de Connor qui permit à son fils d’approcher Lisa. Siam mettait tout son cœur pour aider Tracy en changeant les couches de Lisa, en l’emmenant se promener en poussette ou encore en dessinant pour elle de jolies paysages. Stanley regardait son fils d’un mauvais œil, se demandant ce qu’il avait fait au bon dieu pour mériter cette tafiole.

Il y a eu l’épisode à l’école aussi. C'était un jour comme les autres. Connor venait à l'école, avec sa mère, comme d'habitude. Elle le lâcha devant la grille, comme d'habitude. Comme d'habitude, Siam se fit le bouc-émissaire et le souffre-douleur de la plupart des enfants. Et bien sûr, comme d'habitude, il adoptait un mauvais comportement. Il pouvait crier, il pouvait s'énerver, et au final se faire punir. Il cachait peu ses émotions, à ces moments-là. Nul ne sait pourquoi, lui, on le prenait comme souffre-douleur. C'était ainsi. L'après-midi de cette journée normale pour d'autres, il se mit à pleurer, appuyé contre le mur de la classe, pendant la récréation. Une petite brune vint vers lui. Une jeune fille différente, elle aussi. Elle était là pour peu de temps. Elle se posa près de lui. Elle ne lui demanda pas pourquoi il pleurait. Elle le consola presque sans un mot. Elle s'assit à coté de lui. Le souvenir de la fin de cette journée s'estompe dans son cerveau, aujourd'hui. Mais il se souvient d'une chose : du lendemain. Elle se faisait embêter par beaucoup de monde. Un surnom idiot. Un jeu idiot. Parce qu'elle était nouvelle, et ne restait pas longtemps. Et Connor… ce stupide Connor, s'est réjoui que cela ne tombe pas sur lui et... a rigolé avec les autres. Ange venait d’apparaître, je venais d’apparaître. Aujourd'hui, Connor ressent de la honte, de la peine, et jurerait qu'elle levait des yeux tristes sur lui. Il n'oubliera jamais ces yeux. Où qu'elle soit, il voudrait au plus profond de son être qu'elle sache qu'il est désolé. Et qu'elle a été, un jour, rien qu'un jour, une amie, un soleil. Mais c’était tant mieux, au moins il n’était plus le centre d’intérêt et je m’en réjouissais.

Et puis, Connor a eu dix-huit ans et il est parti de chez ses parents. Il a trouvé du travail dans une boîte d’électronique et a pu gagner assez d’argent pour nous trouver un appart’ sympathique en ville. Lorsque j’ai repris la conscience, je me suis procuré un 9 mm et un automatique de calibre .25. C’était pour assurer notre sécurité. Je les avais enfermé à clé pour que les deux autres n’y aient pas accès. Il ne savait pas s’en servir et je ne voulais pas risquer qu’il nous mette en danger. Dans la boîte, ça n’allait pas tellement. Connor perdait le temps et je soupçonnais Siam de prendre la conscience. Finalement, les absences répétées de Connor le mirent à la porte. Grand fut mon désarroi. Et puis, il y a eut une période de troubles où j’étais seul aux commandes de la conscience. Ma famille de l'âme ne me répondait plus. Ne le pouvaient-ils pas, ou ne le voulaient-ils pas ? Où étaient-ils ? C'est comme perdre une partie de moi-même. Une sensation de vide. Un rire. Une image sans visage pendant longtemps. Un univers semblable, tellement semblable au mien. C'est plus qu'un reflet. J'en suis autant la copie qu’eux. Connor est l’original. Mais y a-t-il vraiment besoin de le savoir ? Peu importe ça... J'ai eu peur qu'ils ne soient plus. Peut-être que c'est pour ça que j'ai été énormément triste, pendant quelques jours, sans savoir pourquoi. Ce jour où j'ai voulu disparaître dans l'eau. Ce jour où j'ai perçu un manque. Dans le monde réel, ça faisait quelques années que je les connaissais, mais notre lien est tel que je les connaissais depuis toujours. J'avais beau chercher au fond de moi, je ne voyais rien... Où étaient-ils donc ? J'espérais que ce n’était rien de grave. J'espérais que je leur reparlerais. Parce que s'ils mourraient, j'aurai perdu mes seuls vrais amis.

Dans le journal, on parlait de viol. Ce qui me troublait, c’est qu’il me paraissait coïncider avec les moments où je perdais le temps. Mais je ne m’en préoccupais pas plus. J’avais d’autres choses à régler. Comme l’argent, qui ne venait plus remplir nos caisses. J’étais à sec et il me fallait trouver un job. Cependant, l’argent était parti vite, beaucoup trop vite à mon goût. Quelqu’un l’avait utilisé à ma place. C’est lorsque je retrouvais des sachets de cocaïne que je compris à quoi avait servi l’argent. Je fumais de temps en temps mais seul Connor se droguait à la coc’ et au LSD. Il fallait que je fasse en sorte qu’il ne prenne plus la conscience, ou tout du moins pas trop longtemps. J’avais dégotté un boulot mais encore une fois, je me fis viré pour cause d’absentéisme et de mauvaise volonté. Les finances allaient de mal en pis et seul le vol m’apparut comme une solution adéquate. C’est pour ça que je me rendis du côté du quartier universitaire de la ville, armé de mon 9 mm, où résidaient des tas de fils à papa. Lorsque je pénétrais dans le campus, je remarquais immédiatement l’une des chambres dont la fenêtre était ouverte. C’était comme si elle m’était destinée. La main sur le 9 mm, je suis rentré dans la pièce et a trouvé une bonne liasse de billets mais, au moment de repartir, une jeune fille est entrée et j’ai perdu le temps… Siam sourit et s’excusa platement tout en racontant qu’elle était nouvelle et qu’elle s’était trompé de chambre. Tout en disant cela, elle avait veillé à fermer la fenêtre et la porte à clé. La jeune fille était très belle, simplement parfaite à ses yeux, elle se jeta sur elle et la viola. Lorsque Connor reprit la conscience, il était chez lui, la chemise maculée de sang, il se sentit défaillir. Je m’écroulais au sol et constata les dégâts. Il y eut d’autres vols, d’autres meurtres et Connor se droguait de plus en plus, ne supportant pas tous ces drames. Il se coupa les veines, et nous mit tous en danger pendant quelques heures.

Je crois que Connor porte le deuil, chaque jour, chaque nuit, le deuil de lui-même. Toujours cette incessante impression d'être mort, hier, il y a des années de cela. Une partie de lui qui s'est envolée, que j'ai tuée, peut-être. C’est un peu comme Abel et Caïn. Abel est mort. Et Caïn, à jamais, restera seul avec lui-même. Incompris de tous les autres. Car il ne saura plus trouver les mots. Parler. Connor n'aura pas grandi en sachant s'ouvrir aux gens. Il n'apprendra jamais à faire totalement confiance aux gens, il n'apprendra jamais à croire qu'on l'aime. Qu'on l'apprécie. Il y a lui. Et les autres. Dont moi. Ils parlent, ils parlent, sans fin, sans début, sans rien d'autre qu'un flot de mots qui le tuent, qui le rongent, le terrifient. Je ne peux le comprendre. Je ne peux lui répondre. Je ne peux rien y faire. Je peux faire silence. C'est le seul moyen que j'ai trouvé pour me faire entendre. Qui l'aura compris ? Personne peut-être. Larmes invisibles sans lendemain, voilà ce que sont ces silences. Je serais à jamais celui-là qui sera dehors. Celui-là qui sera à côté. Le Seul. Et c'est toute ma vie. Je décidais donc d’endormir Connor pendant un certain temps et de prendre la conscience.

Et puis, ça a mal tourné. On m’a vu dans le campus, on m’a reconnu et tout le monde a su qui était le coupable. A l’hôpital psychiatrique, Connor avoua, piteux : « J'ai d'autres moi. Ils sont là, ils m'écoutent, ils me voient, ils me parlent. Ils ont des prénoms alors que je les croyais indéfinissables, innommables. Ils ont tué le moi d'avant, et ont créé de toute pièce le moi d’aujourd’hui. D'un côté, je préfère celui-là. Ils sont comme une famille pour moi. C’est une simple réaction contraire. On m'a mis seul, alors je me suis créé des compagnons. Si je trouve une personne pour être avec moi, peut-être qu'ils disparaîtront. Peut-être... »

Connor a été placé dans une chambre sous surveillance en attendant le procès. Le soir, il s’est effacé, me laissant la conscience. Quitte à m'endormir sans personne à mes côtés, j'ai pu sombrer dans le sommeil avec la lune qui veille sur moi. A travers ma fenêtre, elle était là, soleil au reflet d'argent, astre blanc. J'ai aimé cette impression qu'au moins une personne dans le monde veillait sur moi, sur nous. Même si cette personne est une chose que tout le monde voudrait et que personne n'a. Sauf dans nos rêves. Le jour du procès, j’ai repris la conscience, affrontant les jurés avec dédain et suffisance. Lorsque la peine maximale fut retenue contre moi, Siam s’effondra sur le banc des accusés et pleura.

Autres – Pas à c’que je sache.

DOSSIER CRIMINEL

Crimes commits – Viols, vols et meurtres.
Matricule – 123666.
Rang – Il y a moi… et les autres.
No. de cellule – /
Personnage sur l'avatar – Aucune idée.

Monsieur, monsieur, madame : Bonsoir.
Donc cellule huit, et bon jeu tout ça tout ça.

* Essaye de rester dans la sobriété, lutte intérieurement... Aaaarg nooon, pas mettre de connerie, nooooon. *

...

<3

Merci Irvin de m'avoir accepté aussi rapidement !
Alix, ce serait avec plaisir que je ferais la connaissance de mon compagnon de cellule. Je m'occupe de créer le topic... =)

Cool j'y répond dans une semaine environ^^ D'habitude je suis assez rapide mais là je pars donc

ravi que ça te dise