Retrouvaille nocturne.[Pv Dama']

2709 Médecin Nombre de messages : 122 Age : 51 Date d'inscription : 03/10/2008

Les mains dans les poches, je me dirige vers la cours. Après une journée telle que celle-ci, souffler un peu n'est pas de refus, d'autant plus que ce n'est pas encore fini. Mais j'ai confiance aux infirmières, elles sauront quoi faire s'il y a un quelconque problème. Donc aucune inquiétude à se faire à ce niveau. Le chemin est long pour parvenir jusqu'au dehors, les couloirs sont nombreux. Je n'ai pas pris la peine d'enlever la blouse blanche, ce n'est pas grave. Je croise diverses personnes, leur adresse un sourire, même si ce n'est pas réciproque. Je n'ai pas l'habitude d'avoir un air morne, l'endroit est assez sombre quitte que ses occupants le soient aussi.

Je fronce les sourcils en sortant du bâtiment. L'éclairage agressif des spots indispose les yeux. Le froid me saisit, il neige. Ce phénomène naturel si rare là où j'exerçais m'émerveillera toujours. Je sais que ce n'est pas grand chose, mais il en faut peu pour me contenter. Les flocons virevoltent avec la légère brise. Un regard vers les gardiens postés ici et là, ils ne doivent pas avoir chaud à faire leur tour de garde. Je m'avance un peu dans la cours, inutile d'aller trop loin. L'air pur du dehors change de celle médicamenteuse qui règne dans l'infirmerie. Je ne peux m'empêcher de penser aux patients, même pendant les pauses. Je sais que je devrais aussi penser à moi mais ce n'est pas possible, les malades avant le reste. Je tente de chasser cela de mes pensées et pour y parvenir, je fais un tour d'horizon de l'endroit. Bien évidemment à l'heure actuelle il n'y a aucun prisonnier, ils sont tous dans leur cellule.

Mon regard se pose sur une forme qui se détache du reste. Il y a une personne là un peu plus loin. La tête levée vers le ciel, elle contemple l'astre d'argent qui, j'en suis persuadé, illuminerait le lieu aussi bien que les moyens artificiels. J'ignore de qui il s'agit car je ne distingue pas très bien sa personne et cela me pousse à faire quelques pas en sa direction. C'est une femme, je la vois de profil, une gardienne qui plus est. Je m'avance encore, après tout puisque nous sommes tous les deux ici pourquoi ne pas discuter? Aller vers les autres est très instructif, cela permet de découvrir des personnalités diverses. Je reste perplexe cependant, elle me rappelle quelqu'un, c'était dans le même contexte; une prison. Son prénom... Elle ne portait pas un prénom courant, ça aide et si je ne m'abuse c'est Damara.

Elle faisait partie des rares gardiens qui ne considéraient pas les prisonniers comme des moins que rien, c'était exceptionnel là-bas aussi. Deux ans qui se sont écoulés depuis. Si c'est elle, se serait franchement de la pure coïncidence. Si dans le cas contraire je me trompe sur toute la ligne, cela ne sera pas un soucis non plus, après tout il n'y a aucun mal à faire une erreur telle que celle-ci. Sans attendre plus longtemps je me lance.

- Damara?

J'approche encore un peu et m'arrête. Il y a quelque chose à côté d'elle, sombre sur quatre pattes. Un chien? On ne dirait pas, je n'ai jamais vu de canidés tel que celui-ci il est imposant. C'est bien le premier animal que je vois en ce lieu. Il n'a pas l'air commode en plus car il grogne à mon approche. Ses yeux luisants sont braqués sur moi, mieux vaut ne pas avancer plus, je me méfie des réactions de ces bêtes car on ne sait jamais ce qui leur passe par la tête. Je n'ai pas peur des chiens en tant normal, au contraire, mais celui-là... C'est que je n'ai pas envie de me faire mordre. Je ne crois pas que Damara avait un chien avec elle la dernière fois que je l'avais vu. De toute façon, si mes pensées sont exactes et que cette femme est bien celle à qui je pense, elle se retournera à mon appel.

2838 Douce Flamme Nombre de messages : 623 Date d'inscription : 30/09/2008

Chaque nuit, il hante mes songes.
De ses baisers perdus …

Noyée dans mes rêves, je n’ai sans cesse l’impression de sentir son souffle sur ma peau, ses murmures au creux de l’oreille. Mon réveil chaque matin brise sa chaleur illusoire. Chaque matin, chaque jour ça fait bien trop longtemps. Encore la nuit dernière, c’était la première fois que je te voyais. J’aimerai tant te revoir, te serrer contre moi. Mais l’impossible reste impossible. Hadès l’a arraché comme on arrache une fleur fragile de la terre. Ca lui fait mal, mais on n’entend rien. J’avoue, j’ai un peu perdu quelque chose qui m’était essentiel. C’est comme ça. En ce moment, je marche silencieusement le long du couloir désert, où tu me manques pas à pas. J’ai encore mal dans le creux du cœur. Là, je n’ai qu’une envie, me retirer loin pour mieux oublier. Mieux penser à toi. J’ai rangé mon uniforme, je n’ai moralement plus rien d’une gardienne. Athis n’est pas là, il doit gambader ailleurs.

Plus les secondes passent, plus j’ai mal à la tête. La douleur se propage dans l’esprit, comme la douleur de solitude quand tu n’es pas là. Oui j’avoue, je me meurs. Tourner la page est trop difficile quand on sait qu’on n’en a pas la force. J’ai volontairement avancé sans effacer les écritures imprégnées de taches rouges. Etouffé les illusions de mal, la réalité de chagrin. A l’instant présent, j’aimerai que la vie me mente, que tout cela ne soit qu’un mauvais rêve. Passant devant une fenêtre, je regarde mon reflet. Miroir, miroir, dit-moi que je suis du mauvais côté de la glace … Je pose ma main sur la face glacée. Emmène moi de l’autre côté, là où les rêves sont réels. Je finis par me reculer. Ca fait bien trop longtemps, les souvenirs me laissent la gorge serrée. Beaucoup disent que la douleur guérit avec le temps, mais je sais bien qu’ils mentent. J’ai besoin de lui. C’est inévitable ! Je m’arrête, trop de douleurs battant dans la poitrine. Les yeux s’enivrent de larmes, je ne vois que trouble. M’adossant en retombant, le dos contre le mur, je finis ma chut en douceur sur le sol. Les genoux repliés, les mains tenant mon visage. Je ne tiendrais jamais … Silencieusement, dans mes sanglots, je n’essaye même pas de me rattraper. Je sais que, ça va passer dans quelques minutes ou peut-être quelques heures. Le vide, le deuil d’un cœur qui se meurt, ça prend toute une vie. Comme quoi, jamais je ne serais totalement apaisée, c’est impossible. A moins que je ne me trompe.

Finalement, la présence que j’attendais, se faisait entendre par ses pas résonnant dans le couloir vide. A l’allure lent mais rapide, il vient poser son museau sur mon épaule, me forçant à l’enlacer. Lui est là, pour toujours. Toujours … Sa vie. J’attrape son collier en le tenant fermement, tandis qu’il recule pour m’aider à me redresser. Une fois debout, il fait de même en venant chercher ma main de son museau.

« C’est passé Athis. »

Pas très sûr, il se place derrière moi en me poussant pour que j’avance. Je reste bête en le regardant avec mes yeux encore humide. Sans comprendre, je le suis pour atterrir finalement dans la cour. Les gardiens dans les tourelles me font signes. Ils doivent croire que je sors le chien. Alors que c’est plutôt le contraire. Personne dehors, les éclairages sont assez fort mais je m’avance plutôt là où l’ombre se fait voir. Je m’arrête alors, levant les yeux vers la boule argentée dans le ciel, entre des centaines de milliers d’étoiles. L’hiver approche, il sera certainement plus violant que celui d’ y a deux ans. Un vent souffle, je me réchauffe en gardant mes bras croisés contre ma poitrine. Tant que le chien, surpris par un flocon de neige qui venait de lui tomber sur le museau, se secoue frénétiquement. C’est tellement magique de regarder ça. J’ai peu connu la neige, et je peux vous assurer que c’est toujours une joie pour moi de la voir. Même si, je crains assez le froid. Ce n’est pas les pulls qui me manquent au passage. Athis avait apparemment entendu un bruit derrière nous. Mais je ne m’en fais pas, c’est certainement le vent … Mais le vent ne vous souffle pas votre nom que je sache. Je me retourne alors en voyant une silhouette à une dizaine de mètre. A la lueur de la lune, je me souviens nettement de son visage … Un sourire apparaît sur mon visage. Je passe à côté d’Athis en me dirigeant vers l’homme.

« Docteur Kenzo ! Vous êtes aussi là. »

2709 Médecin Nombre de messages : 122 Age : 51 Date d'inscription : 03/10/2008

Elle réagit puis se retourne. Je peux voir son visage entièrement et constater que c'est bien Damara. Lorsqu'elle me voit elle sourit puis viens vers moi sans se soucier de l'animal à ses pieds. Je suis content de la voir ici, au moins une connaissance en ce lieu et surtout quelqu'un de bien pour ces pauvres détenus.

- Oui, fidèle au poste.

Je m'empresse de lui répondre et sourit à mon tour. C'est surtout que je préfère être là où on a besoin de moi plutôt que dans un endroit où la densité des médecins est trop importante. Au moins ici je sers vraiment à quelque chose, la demande de soins est toujours présente. Je jette un coup d'oeil à l'animal qui se rapproche de nous, il suit la gardienne de prêt.

- C'est ton nouveau compagnon?

Je lui demande cela distraitement, en haussant la tête vers la masse noire mouvante. C'est juste de la curiosité, rien de plus. Je détourne mon attention du canidé pour revenir à la gardienne, en deux ans il a dû s'en passer des choses, plus ou moins bonnes. Elle, n'a pas changé, les deux ans écoulés ne se remarque même pas sur son visage, toujours la même. J'ai tellement de questions à lui poser que je ne sais pas par quoi commencer.

- Alors Damara, qu'est-ce-que tu deviens? Ca me fais plaisir de te voir ici, je ne m'attendais vraiment pas à cela.

Non franchement je n'aurais pas pensé revoir quelqu'un de l'ancienne prison ici. C'est dur pur hasard et il fait bien les choses. Les souvenirs ressurgissent petit à petit. Lorsque je l'avais vu elle était accompagnée d'un détenu, grand et pas bien costaud. Pendant que j'avais effectué les soins de la jeune femme, il était resté auprès d'elle jusqu'à la fin. Je me demande ce qu'il est devenu lui aussi, après la fermeture de Sadismus les prisonniers ont été répartis dans diverses prisons plus ou moins éloignées. Il était sympathique, ne faisais pas partit des détenus qui se montrent agressifs, mais je ne leurs en veux pas, il y a de quoi l'être en étant enfermés ainsi, privé de toute liberté et soumis à la violence perpétuelle. Damara l'appréciait assez d'après ce que j'avais pu voir, ils semblaient tout deux proches, comme liés par un lien connu d'eux seuls. Savoir si elle a des nouvelles de lui, je ne l'ai jamais revu depuis ce fameux jour. Il se peux qu'il soit ici mais avec la taille de la prison, le fait qu'il me soit passé inaperçu ne serait pas étonnant. Il y a bien les dossiers mais tant que le détenu ne vient pas à l'infirmerie je ne le consulte pas, il y a plus important à faire auprès des patients. Je sais pourtant que dans un sens cela me serait utile, déjà rien que pour retrouver les détenus dont je me suis déjà occupé là-bas. Bref, pour Siriel lui poser la question sera d'autant plus simple.

- Des nouvelles de... Siriel?

En la voyant, je repense à il y a deux ans. La raison pour laquelle je l'avais soigné... Elle m'avait confié quelque chose sur sa personne, son passé. Je me demande si elle est toujours hantée par ses chimères lorsqu'elle entre dans une infirmerie. Je ne poserais pas le sujet sur le tapis ce soir, je n'ai aucunement l'intention de la mettre dans l'embarras. Juste discuter tranquillement avec elle.